Boire ou conduire
Emmanuel Barbe, quelle nouvelle mesure prévoyez-vous contre l’alcoolisme ?
Nous voulons développer massivement l’éthylotest antidémarrage dans les voitures et ce, dès le mois de juillet. Avant de pouvoir faire démarrer un véhicule, il faudra souffler. Et on ne pourra démarrer qu’avec un taux d’alcoolémie autorisé.
Depuis 2011, cet éthylotest antidémarrage est imposé aux personnes condamnées par la justice pour alcoolémie. Mais cela ne marche pas. On n’arrive pas à en poser suffisamment parce que la plupart du temps, les gens trouvent ça trop cher (1 000 € environ à la charge de l’usager).
Et puis, selon notre analyse, cette mesure intervient trop tardivement. Le permis a été retiré par les forces de l’ordre à la suite d’un contrôle, le préfet a pris un arrêté, et puis cinq ou six mois après, le tribunal rend un jugement. C’est trop tard. Les gens ont déjà perdu leur emploi puisqu’ils ne peuvent plus conduire. Du coup, on arrive à poser très peu d’éthylotests.
Que faire alors ?
Ce qu’on va faire, c’est une révolution. Quand la personne sera contrôlée par les forces de l’ordre avec un taux d’alcool compris entre 0,8 et 1,8 g, le préfet délivrera un arrêté interdisant à la personne de conduire, sauf si elle pose ce type d’appareil. Cette nouvelle mesure prendra donc en considération les impacts socio-économiques des interdictions de conduire. Cela visera en particulier les zones rurales où il est indispensable de se véhiculer.
Avec davantage de Français utilisant l’éthylotest, le prix de cet équipement baissera et on réussira à généraliser ce type d’appareil. Il a d’ailleurs donné de très bons résultats dans d’autres pays du monde. On espère ensuite, quand ces personnes passeront au tribunal, que le juge prolongera la mesure de quelques mois.
Dans le même temps, nous menons une autre expérimentation en Finistère. Pour les personnes devant passer devant une commission médicale pour récupérer leur permis, on peut leur donner une autorisation de conduire si elles installent ce type de système.
Ouest-France, 29 mars 2018