Le baclofène, médicament contre l’alcoolisme, interdit à très haute dose par L’Agence du médicament
SANTÉ – L’Agence du médicament (ANSM) a annoncé ce mardi 25 juillet avoir divisé par trois la dose maximale de baclofène pouvant être administrée pour traiter l’alcoolisme, « compte tenu du risque accru d’hospitalisation et de décès » lié à l’utilisation à haute dose de ce médicament.
Ce relaxant musculaire était autorisé depuis 2014 pour traiter la dépendance à l’alcool à des doses pouvant aller jusqu’à 300 mg par jour, dans le cadre d’une recommandation temporaire d’utilisation (RTU). L’ANSM abaisse cette dose maximale à 80 mg par jour, tout en soulignant que la réduction doit être « progressive ».
Au début du mois de juillet, une étude de l’ANSM soulignait qu’à hautes doses, le baclofène était associé à un risque accru de décès. Plus du double par rapport à celui observé avec les médicaments commercialisés pour cette maladie.
« Au vu des résultats de l’étude, la recommandation temporaire d’utilisation du baclofène (RTU) va être revue rapidement pour abaisser les doses autour de 75 mg », avait indiqué à l’AFP le Dr Dominique Martin, patron de l’ANSM.
Intoxication, épilepsie, mort inexpliquée
Entre 2009 et 2015, sur l’ensemble des personnes ayant débuté un traitement avec le baclofène, plus des deux-tiers, soit 213.000 patients, l’ont utilisé principalement pour la dépendance à l’alcool.
Pour des doses entre 75 mg/jour et 180 mg/jour, le risque d’hospitalisation est modérément augmenté de 15% par rapport aux traitements disposant d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) pour traiter l’alcoolisme, mais le risque de décès est multiplié par 1,5.
Ce risque de décès est multiplié par 2,27 au-delà de 180 mg/jour, notait l’agence sanitaire, malgré une analyse sur des effectifs limités de patients. En particulier, le risque d’intoxication, d’épilepsie et de mort inexpliquée (selon le certificat de décès) s’accroît avec la dose de baclofène reçue.
Au cours des six premiers mois, seuls 10% des patients l’ont pris sans l’interrompre. Et au final, comme pour les autres médicaments indiqués dans la dépendance à l’alcool, plus de 4 patients sur 5 débutant un traitement avec le baclofène l’arrêtent définitivement au cours des six premiers mois d’utilisation.
Autorisé en neurologie, le baclofène est prescrit depuis quarante ans comme relaxant musculaire. Sa popularité a explosé en 2008 avec la parution du livre « Le dernier verre » d’Olivier Ameisen, un cardiologue depuis décédé, qui y racontait que ce médicament avait supprimé son envie de boire.