Pourquoi la consommation d'alcool provoque des crampes
L’alcool (éthanol) est une petite molécule qui diffuse dans l’organisme très rapidement, avant d’être transformée (à 90%) au niveau de notre foie. Cela lui laisse le temps d’agir au niveau de tous les organes (cerveau et cœur en particulier), les tissus comme les muscles.
L’alcool (éthanol) est une petite molécule qui diffuse dans l’organisme très rapidement, avant d’être transformée (à 90%) au niveau de notre foie. Cela lui laisse le temps d’agir au niveau de tous les organes (cerveau et cœur en particulier), les tissus comme les muscles.
Origine métabolique
Parmi les causes de crampes musculaires, on retiendra l’origine métabolique: la surproduction d’acide lactique, et à la suite de la perte d’eau (déshydratation), la perte de métabolites comme le sodium ou le potassium.
La pratique d’une activité sportive peut provoquer des crampes, car des fibres musculaires vont être détruites au cours de l’effort et de l’acide lactique va être produit en excès.
En effet, la succession de contractions musculaires limite la circulation sanguine et l’apport d’oxygène aux muscles. Ceux-ci continuent à utiliser du sucre (glucose) pour fonctionner, par un processus de fermentation lactique.
Cette transformation permet de libérer un peu d’énergie sans que l’on ait besoin d’oxygène, mais l’accumulation de l’acide lactique induit une fatigue musculaire qui limite la durée de tels efforts.
La transpiration permet de réguler la température du corps lors d’une activité physique ou sportive et de maintenir une température constante. La sueur contient de l’eau, mais aussi des sels minéraux tels que le sodium et le potassium: ces pertes sont aussi à l’origine de crampes musculaires.
En cas d’alcoolisation aiguë
L’alcool agit sur une hormone, l’hormone antidiurétique ou vasopressine, en bloquant la réabsorption de l’eau au niveau des reins. Ainsi, l’alcool accélère la diurèse, l’élimination d’urine: les urines sont abondantes et claires (avec la bière, par exemple).
Vous avez sans doute à l’esprit la Fête de la bière à Munich (Oktober Fest), où la bière coule à flots et où on dénombre pas moins de 900 mètres d’urinoirs.
Boire de l’alcool ne permet pas de s’hydrater, bien au contraire! Cela entraîne une déshydratation, la sensation de bouche sèche et des maux de tête, qui peuvent s’accompagner d’une perte de sodium (notamment en cas de grosse consommation de bière), de potassium et de magnésium –tous les ingrédients pour déclencher des crampes musculaires.
Le conseil est donc de bien s’hydrater au cours des soirées où l’on boit de l’alcool, en alternant consommation de boissons alcoolisées et sans alcool (eau, jus de fruit).
De plus, chez les personnes sportives (sports d’endurance en particulier), l’alcool fait baisser la capacité des muscles à utiliser le glucose et les acides aminés, tous deux essentiels pour construire de nouvelles fibres musculaires et des vaisseaux sanguins.
Vous vous exposerez à une forte augmentation du risque de blessures musculaires. Il faut donc déconseiller la prise d’alcool après les entraînements et les phases de récupération
Attention également aux boissons énergisantes (energy drinks) comme le Red Bull –qu’il ne faut pas confondre avec les boissons énergétiques (sport drinks). Leur association avec l’alcool va en masquer les effets: moins de fatigue, moins de sensation de bouche sèche, moindre perception des troubles de la coordination motrice.
Évitez surtout les boissons énergisantes sans sucre pendant ou après un effort: l’absence de sucre (glucose) va aggraver l’acidose lactique et favoriser l’apparition de crampes musculaires.
En cas d’alcoolisation chronique
La prise régulière d’alcool peut être à l’origine de l’apparition de crampes nocturnes: une étude cas-témoins menée par la médecin Chloé Delacour et son équipe auprès de 140 seniors (68 ans d’âge moyen) montre que la prise d’alcool au moins une fois par semaine multiplie par 6,5 le risque d’avoir des crampes nocturnes au niveau des jambes.
L’éthanol agit sur les fibres nerveuses, au niveau de la gaine de myéline (la graisse formant la gaine des cellules nerveuses), et peut provoquer une atteinte de plusieurs nerfs, appelée polyneuropathie ou polynévrite, qui va toucher les deux membres inférieurs.
Cela se manifeste classiquement lorsque la consommation dépasse vingt-et-un verres d’alcool par semaine chez l’homme, quatorze verres chez la femme. Ces douleurs sont aggravées par le froid et l’humidité, et améliorées par la chaleur.
Une carence en thiamine (vitamine B1), nécessaire pour transformer le glucose en énergie (essentiellement au niveau du cerveau), est souvent constatée. Cela s’explique par les carences alimentaires observées chez la personne alcoolodépendante, dont la mauvaise alimentation entraîne un manque de vitamines.
L’apparition progressive de crampes musculaires qui commencent aux extrémités (sensation d’avoir les pieds froids) et remontent ensuite aux mollets est classique. L’arrêt de la consommation d’alcool associé à la prise de vitamine B1 permet de réduire progressivement cette atteinte nerveuse.
En conclusion, l’alcool peut être responsable de crampes musculaires, voire les aggraver, lors d’alcoolisations aiguës comme chroniques. Bien se réhydrater avec des boissons sans alcool permettra d’éviter la survenue de ce désagrément.