Ré-alcoolisation ou Rechute

La ré-alcoolisation est assez fréquente dans les premières semaines ou les premiers mois qui suivent un sevrage. Elle consiste en une re-consommation, le plus souvent de courte durée, comme si on voulait se convaincre que l’on n’est plus capable de reboire  » comme tout le monde « .

Après un sevrage, on est encore vulnérable et la conviction de l’abstinence totale et définitive n’est pas encore bien ancrée.

De plus, dans notre société, l’alcool est omniprésent et les sollicitations à en consommer sont nombreuses. Il faut un certain temps pour apprendre à vivre  » hors alcool  » mais en sa présence.

La ré-alcoolisation, si elle ne se répète ou ne se prolonge pas, n’est pas forcément catastrophique ; elle peut même être une occasion privilégiée d’identifier les circonstances, les évènements ou l’  » état d’âme  » particulier qui ont conduit à la re-consommation.

A ces moments-là pourtant, il faut veiller à ne pas culpabiliser et à réagir rapidement en consultant, par exemple, un médecin alcoologue afin de reprendre ou continuer un traitement destiné à diminuer l’appétence à l’alcool. Dans certains cas, la consultation d’un psychologue pourra également s’avérer fort utile. Il est aussi fortement recommandé de parler ouvertement de ces accros, dans un groupe d’entraide pour personnes en difficulté avec l’alcool : parler du problème avec des personnes ayant vécu les mêmes difficultés, conduit déjà, en partie, à évacuer la pression et la culpabilité.

L’entourage enfin devra, sans toutefois minimiser l’incident, encourager la personne à se ressaisir, en insistant sur tous les bénéfices de l’abstinence, sans trop appuyer sur les conséquences de la re-consommation.

Si, d’aventure, les ré-alcoolisations se répétaient, il y a fort à parier que les périodes d’abstinence entre les re-consommations seront de plus en plus courtes, pour finir par disparaître totalement, ce qui constituera alors une forme de rechute.

Cette forme de rechute est, le plus souvent, le signe d’un sevrage psychologique ou d’un deuil incomplet de l’alcool. Elle est aussi, fréquemment, due au fait que l’alcool apparaît toujours comme LA solution unique aux problèmes non encore résolus, voire non identifiés.

Ces problèmes sont généralement multiples et d’ordres divers s’amplifiant, généralement, les uns les autres, qu’ils soient sociaux, familiaux, professionnels, affectifs ou financiers, etc.

D’autres formes de rechute peuvent également survenir bien plus tardivement et parfois après de longues années d’abstinence.Il pourra s’agir d’une rechute due au relâchement de la vigilance :  » Bah !, après tant d’années, un petit verre ne me fera pas de mal !  » Et bien, oui ! Ce petit verre va traîtreusement réamorcer la dépendance physique qui est restée inscrite, à l’état  » dormant « , dans nos neurones. Ce premier verre ne procurera, le plus souvent, qu’une légère ivresse, apparemment bienfaisante. Mais insidieusement, puisqu’il n’a, semble-t-il, pas fait de mal, ce premier verre en appellera un second, quelque temps plus tard, et le second en appellera un troisième…, puis…, une bouteille entière et la  » pompe est réamorcée  » ! Paradoxalement, elle pourra aussi être associée à un événement joyeux de la vie, comme si on voulait en renforcer, encore plus, le plaisir.

Ces rechutes-là prouvent bien que la dépendance à l’alcool est définitivement acquise et que seules la vigilance et l’abstinence, totale et définitive, peuvent prévenir le mal.

Enfin, la rechute tardive pourra aussi être plus profonde et sans doute plus grave. Le plus souvent, elle s’annoncera par une succession de signes prémonitoires s’étalant dans le temps, sur une période plus ou moins longue, avant la véritable rechute. Elle pourra aussi être la conséquence d’un évènement particulièrement traumatisant, comme la perte d’un emploi, ou pire, la perte d’un être cher.

Sans toutefois se présenter tous et dans cet ordre, les symptômes annonciateurs de rechute peuvent être :

  • Retour à la négation, avec des difficultés à gérer son stress, retour à des périodes passagères d’anxiété ou de mal-être, mais qui vont se faire plus fréquentes et plus profondes avec le temps.
  • Fuite et comportement défensif, par des préoccupations pour autrui plus importantes que pour soi, par des réactions de défense et de rigidité en parlant de ses problèmes personnels et par des tendances à l’isolement, de plus en plus fréquentes.
  • Négligence et tendance au pessimisme se traduisant par la perte progressive du réalisme et de la capacité à organiser les choses de la vie courante. S’en suivent, des échecs semblables à ceux vécus en phase d’alcoolisation, qui à, leur tour, font naître la culpabilité.
  • Immobilisme et rêverie. Vouloir que les choses aillent mieux sans agir en conséquence. Exagération des échecs et des problèmes.
  • Irritabilité, perte de confiance en soi, réaction excessive avec l’entourage.
  • Dépression, perte d’appétit et de désir d’action, sommeil perturbé et agité, abandon progressif des tâches journalières de la vie, difficultés à se conformer à un horaire et oubli de rendez-vous.
  • Perte de contrôle du comportement avec rejet de l’aide, sentiment d’impuissance et d’insatisfaction de la vie.
  • Apitoiement sur soi et sensation que rien ne va plus. La possibilité de reboire pour soulager ce profond mal-être est alors envisagée.
  • Sentiment d’être totalement submergé par l’isolement, la frustration, la colère et la tension dus à la perte totale de contrôle. La conviction s’amplifie que, seule la boisson, pourra tout soulager.
  • Détérioration de tous les domaines de la vie, vie professionnelle, vie sociale, vie familiale, ainsi que vie intime et sentimentale. Effondrement émotif avec parfois tendance suicidaire.
  • La RECHUTE.

La prévention de ce dernier type de rechute n’est pas aisée et doit certainement être envisagée, au cas par cas et sans doute, avec l’aide d’un médecin psychiatre ou d’un psychologue. Cependant, un certain nombre de mesures ont fait leur preuve, dans un certain nombre de cas, pour prévenir ces rechutes :

  • S’investir sur le long terme dans un groupe d’entraide ou groupe de parole pour personnes en difficulté avec l’alcool.
  • Eviter l’épuisement.
  • Apprendre à dire « non ».
  • Savoir se faire plaisir.
  • Apprécier ses réussites même petites.
  • Eviter l’oisiveté et l’ennui.
  • Ne pas laisser les « difficultés de la vie » devenir obsessionnelles.
  • Et comme disent les AA : « atteindre la Sérénité pour Accepter ce qu’on ne peut changer, le Courage de changer ce que l’on peut et la Sagesse d’en connaître la différence ».
  • S’affirmer.
  • Rester humble – L’alcool est toujours le plus fort !
  • Pour évacuer son stress, trouver des alternatives à la boisson – Se créer ou se recréer des centres d’intérêt.
  • Apprendre à voir la vie et ses aléas avec un regard positif -réapprendre l’émerveillement devant les beautés et les joies, si petites soient-elles, que la vie peut encore nous offrir.