Un bonnet à électrodes pour soigner les addictions
Le CHU de Nantes est l’un des quinze centres qui participent à une étude coordonnée par le Pr Benoît Trojak, du CHU de Dijon. L’objectif est d’agir sur le craving, cette envie impérieuse de consommer de l’alcool. 340 patients testent la stimulation électrique non invasive. 170 patients reçoivent le traitement actif, à raison de dix séances de 13 minutes pendant cinq jours. Les 170 autres, le placebo, sans que ni le patient ni le médecin ne sachent lequel est administré.
Le courant électrique, qui est envoyé via les électrodes, est très faible (1 à 2 milliampères) mais suffisant pour moduler l’activité du cerveau. Aucune anesthésie n’est nécessaire.
Effets secondaires réduits
« Le cerveau produit un champ électromagnétique et les neurones communiquent entre eux par des micro-signaux électriques, explique le Dr Anne Sauvaget, responsable de l’unité de neuromodulation en psychiatrie du CHU de Nantes. La tDCS (stimulation transcrânienne à courant continu direct) agit au niveau des synapses, point de jonction entre deux neurones, en modifiant la libération de composés chimiques, les neurotransmetteurs. »
Avantage de cette méthode, les effets secondaires sont très réduits. « Il peut y avoir une sensation de picotement du cuir chevelu, de chaleur ou une rougeur au-dessous des deux électrodes. Certains patients nous rapportent des maux de tête au moment des séances ou un sentiment de fatigue en fin de journée. Ces effets secondaires sont de faible intensité et entièrement régressifs après les séances », témoigne le Dr Clémence Cabeguen, cheffe de clinique de l’unité neuromodulation en psychiatrie.
Avec cette méthode, « l’objectif n’est pas de supprimer totalement la consommation d’alcool mais de la diminuer. On ne recherche pas l’abstinence totale. »
Au niveau mondial, d’autres études sont menées pour mesurer l’efficacité de la neuro-stimulation contre d’autres dépendances : tabac, canabis, cocaïne, crack, héroïne. « Il y a aussi des travaux sur les addictions comportementales, le jeu, Ies conduites alimentaires (anorexie ou boulimie) », complète le Dr Anne Sauvaget.
À chaque fois, il s’agit de régu1er la production de la dopamine, la « molécule de la récompense », au niveau du cortex frontal. En quelque sorte, cela permet de calmer le cerveau quand il est surexcité.
Au niveau du CHU de Nantes des études sont en cours pour évaluer l’efficacité de la tDCS dans les troubles obsessionnels-compusifs (Toc) et le stress post-traumatique
Philippe GAMBERT (Ouest-France 12/03/2018)